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Otti Otta
Otti Otta
25 février 2011

Memoriz

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Août 1975. J'ai sizan. Mon grand-frère huit. (exactement comme Emma et Leo aujourd'hui). C'est un été chaud et magnifique. Ma mère attend un bébé.

Qu'est-ce que fait une maman de deux enfants quand elle doit accoucher d'un troisième en plein été ? Elle pense à sa belle famille landaise, qu'elle a rencontré de temps en temps à l'occasion de différents mariages. Nous on ne les connait pas, ou alors on s'en souvient pas. Mais c'est là-bas, dans les Landes, qu'elle a la bonne idée de nous envoyer.

J'y ai passé parmi les plus beaux jours de ma vie. Il paraît que ce n'était pas si long. Deux semaines ? Une éternité dans ma vie d'enfant. Une parenthèse enchantée. Je m'en rappelle encore presque chaque minute. Les odeurs. La chaleur. Le bruit des mouches. La nuit d'orage. Je vois des images sans fermer les yeux. J'ai mon frère là tout près quand j'y pense, avec ses dents de lapin. Sous mes yeux se déroulent les routes au milieu de la lande. Là où on circulait à bicloune quand l'heure la plus chaude était passée. Cette forêt où on se cachait, on on faisait pipi sur les fougères…

Notre famille se disputait notre temps. On en a passé un bout chez tante Elise et tonton Fernand. La sœur de la mère de mon père, celle que je n'ai jamais connue, morte très jeune. Grand-mère Maria, la mère de tante Elise, vivait avec eux. A Bel Air, c'est le nom de leur grande villa. Ils avaient un chien (mort écrasé pendant notre séjour. Sitôt remplacé malgré le chagrin). Un cochon. Des poules. Un potager. Mais ils travaillaient "à la ville". Tante Elise confectionnait des espadrilles je me souviens…On en a porté longtemps. Ca et les sabots suédois…

Et chez sa fille, cousine Yvette, qui vivait à la ferme avec son mari, sa fille Nadine, son gendre Jean-Claude, leurs deux garçons un peu plus jeunes que nous Cri-Cri et Fabi. Et la mère de l'homme de la maison aussi, qui quittait rarement son fauteuil. Une ferme magnifique en plein milieu des champs et en bordure de la forêt. Comme il n'en reste plus en activité. Avec une auge immense en pierre où l'on faisait boire les vaches quand elles rentraient du pré. Il devait y en avoir une douzaine. Une étable en bois très belle. Il y avait une remise en bois aussi où j'aimais me cacher. J'aimais regarder la poussière de diamant dans les rais du soleil se frayant un passage entre les lattes de bois… Un poulailler "petits petits petits" on criait en jetant le grain aux poulets. Des clapiers à lapins (mon frère avait été payé pour les vernir. Une belle grosse pièce de 5 francs, énorme à l'époque). Une volière à pigeons. Un chenil (on jetait des œufs pourris aux chiens, ça sentait la boule puante, on rigolait bien). Nos cousins nous ont vite transformés en enfants de la campagne. A notre arrivée, les deux sales gosses avaient recouvert une bouse de sable et nous ont fait marcher dedans. Beurk, j'étais dégoûtée. En quelques jours, on marchait pieds nus sans problème au milieu des bouses. Cousine Yvette me rappelait la dernière fois que je l'ai vue que je voulais rester nue ou presque, en permanence. Je gardais ma culotte ! J'ai tant pleuré quand il a fallu partir. Je suis restée cachée longtemps avant de finalement sortir et rejoindre en larmes la voiture. Comme je regrette de n'y être pas retournée plus souvent ! C'est elle qui m'a appris à tricoter. La pauvre, quand j'y pense. Je l'appelais dès que j'avais terminé un rang pour qu'elle me commence le suivant ! Et c'est une voisine de la ferme d'à côté, la sœur de Zazing, qui m'avait appris à faire du crochet. Et à chasser le papillon au filet aussi, en courant à travers champ. Il y en avait tant et de si beaux.

Je pourrais écrire des pages sur ces jours. La journée au bord de l'océan à Mimizan aussi. Les jours chez tante Lucette, mais c'était moins drôle elle n'avait que des poules ! Elle vivait avec sa fille et son gendre et leurs deux enfants, elle aussi. Et sa mère. C'était un autre monde. La soupe était sur le poële toute la journée ! On s'occupait sans cesse mais sans stress. Ma tante Elise et cousine Yvette ne sont plus. Je les ai vues une dernière fois pour le mariage de Fabi. Cousine Yvette et moi on pleurait "ma petiteu filleu" elle répétait sans cesse en me serrant dans ses bras. "Ma petiteu filleu".

L'homme a pu les rencontrer. Entendre leur accent. Sentir leur gentillesse. Leur infinie bonté. On va y aller pendant les prochaines vacances. J'espère pouvoir séjourner à Bel Air. La vieille ferme a été achetée par un Monsieur de la ville. Plus de vache. Plus de fils élecrifiés sur les clotûres. Plus de tracteur à conduire ni de pommes de terre à ramasser. Plus de compote de pommes à refroidir sur le bord de la fenêtre. Plus de lait frais. Plus de poules en liberté. Plus de bouses ! Une page tournée. Et la forêt défigurée par la dernière tempête aussi. C'est la vie…

Ces souvenirs, j'ai eu envie d'en laisser une trace ici avant de poster mes dernières photos : pas de vacances avec l'homme sans faire un tour au "bois de Boulogu". Le jardin d'Acclimatation n'a pas de secret pour nous tant nous y sommes allés. Les enfants aiment les manèges. Mais pas que. Ils aiment aussi la ferme… J'espère qu'ils ne s'imaginent pas que les animaux sont des attractions ! C'est si différent de vivre à leur côté, de comprendre qu'on a des vaches pour le lait, des poules pour les œufs, des pigeons parce que c'est si bon… Au jardin d'Acclimatation, ils sont juste jolis à regarder. C'est déjà pas si mal !

Et il faut que je vous avoue un truc, c'est dingue, première fois que ça me fait ça… En regardant les lamas, les chèvres, les moutons, savez pas c'que j'avais sous les yeux ? Non ? Des pelotes… De la laine ! A en avoir des hallucinations… A chercher où ils pouvaient bien la stocker. Pff

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Commentaires
A
j'aime tes récits !!
Otti Otta
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