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Otti Otta
Otti Otta
2 juin 2011

Amours présents et du passé…

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Il y a un peu plus de 20 ans, ma meilleure amie, ma "copine de bouteille", m'a dit :

"J'ai une mauvaise nouvelle et une bonne. Je commence par la mauvaise… Je ne pourrai pas venir à ton anniversaire. Et la bonne, tu commences lundi un stage avec moi ! C'est mon cadeau pour ton anniversaire"

J'allais fêter mes 21 ans. J'étais en dernière année à l'ESIAG, une école de commerce spécialisée dans le marché de l'art. Et mon amie m'offrait de faire un stage dans l'une des meilleures études parisiennes. Elle était au département Art Moderne et Art contemporain. Le lundi je suis venue. Et suis finalement restée pendant longtemps. Imaginez ma joie quand la comptable m'a convoquée pour me dire qu'on me proposait de rester, sous contrat à durée indéterminée… Au début, j'avais le droit de venir quand je voulais, en fonction de mes horaires de cours. Que j'ai beaucoup séchés, trop heureuse de passer des heures au milieu d'œuvres exceptionnelles, de gens passionnants. Je me souviens d'un vieux monsieur qui venait restaurer les tableaux sur place. L'odeur de la térébentine. Les couleurs qu'ils trouvaient sur sa palette, de la nuance exacte, qu'il déposait à tout petit coup de pinceau minuscule sur la toile ou le papier. Comment s'appelait-il déjà ? Avec son accent, ses roulements de "r", ses cheveux blancs et longs… Le photographe aussi, qui devait prendre tout ce qui serait publié dans nos catalogues. Il était drôle. Sa sœur travaillait au secrétariat. Le magasinier un peu râleur, un peu flémard… Les commissionnaires de Drouot qui ont tous un numéro et un surnom. Je tenais un carnet pour les référencer, tous ces hommes issus du même coin du Cantal, un vieux privilège Napoléonien si je me souviens bien.

Si vous saviez comme j'ai aimé ce temps-là ! Au bout de quelques mois, nous avons quitté les bureaux poussiéreux de la rue de Provence pour un immeuble refait à neuf rien que pour nous rue Lafayette. 6 ou 7 étages. Nous étions une petite bande de jeunes à occuper l'espace des tableaux modernes. On en a eu des chefs d'œuvre à manipuler ! On a vécu (avant le déménagement) une vente historique. On avait réservé toutes les salles de Drouot ! Il y avait des écrans reliés par satellite avec l'Asie où des salles avaient été aménagées pour que les clients du soleil levant puisse suivre la vente sur grand écran de chez eux ! C'était complètement dingue ! J'avais assisté la comptable sur l'estrade. J'étais passée à la télé aux infos du soir… Mon oncle m'avait appelée (c'est bien la seule et unique fois de sa vie…).

Les enchères ce jour-là, pour certaines toiles impressionnistes sublimes, montaient à coups de millions (de francs). Quels souvenirs, il y avait une ambiance que je ne saurais décrire, c'était magique.

Il y eut la vente Delon aussi. Qu'il a suivie au téléphone pendant que, comme dans l'Homme pressé, sa femme accouchait durant la vente. Curieux hasards…

J'aimais par dessus tout les soirs d'accrochage. On arrivait avec tous nos tableaux. On venait en nombre. Les commissionnaires accrochaient, déplaçaient, rigolaient beaucoup. Je devais photographier la salle. Mémoriser la place des plus de 200 toiles qu'on installait. Et pendant les expos, je guidais les clients qui voulaient voir les Riopelle, Klein, Tinguély, Hartung, Fontana, Matta, Masson, Gilioli, Goetz, Magnelli, Beuys, Tal Coat, Lanskoy, Debré… J'adorais ça. J'aimais quand la foule affluait pour s'installer avant la vente. Les vendeurs, les clients connus, tous des habitués. J'étais la petite. Je me souviens d'une cliente, galeriste, qui avait fait mine d'engueuler le commissaire priseur pour faire travailler des mineurs…

Pourquoi je vous raconte ces mémoires ? Parce qu'hier j'étais pas bien loin de Drouot, en vadrouille au village Joué Club, avec mes petits. Leo voulait aller au Virgin. J'ai dit non. J'ai dit "je vais vous montrer un endroit extraordinaire où j'ai travaillé quand j'étais plus jeune…"

Et alors, je ne peux pas dire mon bonheur. On est d'abord entré dans une salle où se vendaient des bijoux. Un monsieur m'a dit en voyant Emma "ah vous êtes vache pour son futur mari de lui montrer ça ! Imaginez qu'elle prenne le virus ?" Oui j'imagine bien. J'expliquais à Leo ce qui se déroulait. Il était captivé. Une petite bagouze a été mise à prix à 20 000 euros. Un chouette caillou je peux vous dire. Adjugée à plus de 60 000 euros. Leo a tout compris aux enchères !

Au premier étage, on est entré dans une salle où opérait Ader pour une vente d'art moderne. Chouette chouette ! La salle était pleine. On s'est mis dans le fond. Leo s'est assis sur une estrade, Emma par terre. Et devant moi un homme assis sur une chaise se retourne et dit "ça alors !". Bibi. Mon Bibi avec qui j'ai travaillé en ces vieux temps. Mon Bibi sans cheveu et à la barbe naissante toute blanche ! Je ne l'avais pas revu depuis la naissance de Leo. Quel plaisir.

Avant de partir, j'ai voulu voir la tête d'un commissaire priseur dont le nom me disait quelque chose. Vente de meubles. Je dis à leo "on va rester un peu, on ne sait jamais, j'aimerais bien acheter quelque chose pour te montrer"

Une belle paire de fauteuils a du mal à trouver preneur à 100 euros. Puis un chiffonnier. Travail étranger du début du siècle. C'est le cousin d'une coiffeuse anglaise qu'on a à la maison. Mise à prix : 150 euros. "personne n'en veut ?" …je me tâte… "Bon, à 100 euros peut-être ?" Je lève la main mais un peu tard. Quelqu'un du premier rang m'a devancée. On m'interroge du regard : vous en voulez ? "120", je dis. Le marteau tombe. Adjugé !

A l'heure où je vous écris, l'homme est à Drouot pour rapatrier l'objet. je suis contente contente !! je sais ce qu'on va faire certains prochains mercredis après-midi…

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Commentaires
A
c magique !!!
C
ahlala, l'ambiance des ventes... ce devait être passionnant vu de l'intérieur... la dernière fois que j'y suis allée, c'était àl'heure du déjeuner avec un collègue de bureau qui a été commissaire priseur et qui a bossé à Drouot dans une autre vie... m'en suis tirée avec un fauteuil JM Franck et un tabouret Perriand (une misère !!!)...<br /> faut pas me laisser trainer dans ce genre d'endroit !!!
C
zut ! là aussi je croyais bien avoir mis un commentaire, et rien ! j'ai du penser le faire et puis oublier .... pour me faire pardonner, et parce qu'on adore ton blog chez les soeurettes, reçois de notre part un Stylish Blogger Award ...<br /> c'est tout simple (enfin ...c'est pas sûr) : viens chercher l'icône Award chez nous, fais un post en le publiant et en remerciant le blog qui te l'a décerné, en dévoilant 7 choses sur toi que tu ne nous as pas encore raconté, et en renvoyant à ton tour à 7 blogs que tu aimes ....<br /> bien sûr, tu n'es pas obligée de jouer ! ...<br /> et j'attends de voir tes achats !!!!!!
M
Klein, Tinguély, Hartung, Fontana, Magnelli, Beuys, Tal Coat... Whaouh, quelle chance ! Heu, pour les autres, les noms ne me disent rien...En voilà une belle expérience que tu as partagé avec tes petits ! Tu nous montreras ton acquisition ?
G
super chouette d'avoir vécu ça, quels souvenirs ! l'art et la liberté, pas mal quand on a 20 ans ;-)
Otti Otta
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