Hommeries

Vendredi la journée fut dure : pendant la nuit de la veille, après une journée de canicule, ma fille s'est plainte d'avoir mal à la tête. Une première… L'homme n'était pas là, bien sûr. J'étais épuisée. Je lui ai donné un peu d'Efferalgan et l'ai gardée près de moi. Au matin, Emma s'est levée comme moi vers 7h. Avec une tête… Bouh, pas en forme ! 3 gorgées de lait, vomissement, pleurs. Je l'ai mise sous la douche, lui ai lavé les cheveux pour la rafraîchir puis j'ai appelé le médecin qui n'a pas tardé à venir. Il la connaît bien ma poupée ! Il l'a examinée, lui a fait faire un tas de tests et m'a rassurée : pas de fièvre donc pas de méningite. Mais mais mais : à surveiller ! "Avec elle, je me méfie. S'il y a quoi que ce soit vous l'amenez aux urgences et demandez des investigations plus poussées". "Comme quoi ?" "Scanner"… No comment !

J'ai abandonné mes lardons à leur nounou avec les prescriptions du docteur. passé ma journée à appeler nounou, puis papa, puis nounou. Nounou m'a écrit pour me dire qu'Emma avait vomi encore deux fois mais que ouf, elle s'était endormie. A mon retour je l'ai retrouvée kapout. Nauséeuse. Pas bien. Ne pouvant rien avaler.
Et puis vers 21h30, après une dose de Doliprane en sirop, un mieux soudain : elle voulait le riz que je lui avais proposé plus tôt, qu'elle a mangé avec appétit et zou dodo. L'homme est rentré à ce moment là (bien sûr !). Juste quand je recommençais à respirer normalement…
Et samedi, j'ai vu débouler au matin une princesse aux pieds nus radieuse et souriante qui m'a crié "maman maman, ça y est, je n'ai plus mal à la tête !!"
Ouf !!
Pour fêter ça, l'homme a profité de ma petite escapade au chevet de mon p'pa pour aller choisir une nouvelle piscine (et un tobogan aussi, ça manquait).
Notre jardin est un vrai jardin de ville : 40 m2 de terrasse et à peu près le double de verdure. Un p'tit jardin, voyez…

Sur le chemin du retour, j'appelle l'homme et lui dis juste "j'arrive"
Lui "Ah, dans longtemps ?"
"Ben non, je suis dans la rue"
Lui "Ah…" (silence)
"Il y a un problème ?"
Lui "ben heu, non pas vraiment, enfin je crois que j'ai fait une bêtise…"
"Une grosse, c'est grave ?"
Lui "On a acheté une piscine. On l'a prise un peu grande…"
Misèèèèère

La piscine bleue opaque est là, au bord de la terrasse. On ne peut plus mettre un pied sur l'herbe. Elle est déjà remplie de 30 cm d'eau (soit une quantité effroyable d'eau étant donné le diamètre de 6 mètres du monstre !!!!). Derrière, un tobogan en plastique bleu aussi, mais avec du jaune (Huuum). Un baril de chlore. Des pastilles de produits chimiques. Un épuisette. Un envahissement total de notre espace.

Et là l'homme, encouragé par son fils, déclare : "je vais aller la rendre. Et je vais en prendre une un peu plus petite." Je m'attendais aux pleurs des enfants, leurs suppliques "non papaaaaaa steupléééé on la gaaaaarde…"
Non. Incroyable mais non, plutôt un ouf de soulagement. Bon, je dois admettre que parfois j'ai beau prendre sur moi, je n'arrive pas tout à fait à masquer ma contrariété.
Alors on a vidé le bassin (la pelouse en fait encore floc floc quand on y marche, façon bouillasse un peu). Débranché le filtre (j'avais oublié cet accessoire de plus). Dégonflé la chose (ah oui : pompe électrique ! c'est bien ça gonfle et… ça dégonfle). Sali un nombre incroyable de mes torchons préférés pour oter les restes de pelouse coupée, de terre, d'eau (et 6 m de diamètre ça fait de la surface pouvez me croire ! On a dû faire recto ET verso !!).
Bien entendu, la piscine ne rentrait plus dans son carton (la pompe non plus).
"Ils vont jamais me reprendre ça, jamais !" dit l'homme.
"Tu leur dit juste que c'est trop grand. Que tu l'as ouverte, déballée, posée dans le jardin et que là ça crève les yeux, elle est trop grande !" dis-je
(il paraît que le vendeur a dit qu'elle était à peine plus grande que l'autre là…)

Coup de bol, à 21h40 c'est presque l'heure de la fermeture. la caissière ennuyée a dit "c'est que je n'ai personne pour vérifier moi…" Alors elle a tout repris sans broncher.
L'homme est rentré avec une jolie piscine transparente moins grande. A 7h du mat dimanche (je rappelle à ceux qui l'on oublié que samedi il a plu presque toute la journée, à seaux !!) mon grand était debout, prêt. Assez tôt pour un dimanche, l'homme debout, prêt aussi. le ciel bleu comme jamais. Allez hop la pompe, hop l'eau, hop le tobogan, hop les maillots et tous à l'eau avant 10h !!
Et là avec l'homme on était heureux. Paris centre c'est bien, c'est beau, c'est ça qu'on voulait et qu'on avait, avant… Notre banlieue périphérique, c'est moins classe. Même si je l'aime, moi. J'aime mon quartier, certains des commerçants - ceux du marché surtout- j'aime ce joyeux bazar parfois, ce dépaysement toujours… L'homme a plus de mal. C'est si  opposé à sa campagne cauchoise, je peux comprendre. Mais d'entendre les rires continus de nos deux zouzous, les voir tellement heureux, tellement vivants, tellement bien à l'ombre du pommier à jouer dans l'eau froide nous a fait nous dire "on a bien fait non ?"