sadness…

Jour triste, triste jour. J'ai de la peine. Hubert n'est plus. Celui qui fut le meilleur ami de mes parents dans mon enfance, avec sa femme Yvette, n'ira plus tenter de nouvelles martingales au casino. Il ne jouera plus aux cartes. Il ne se régalera plus de l'excellente cuisine de sa femme sans prendre un gramme. Va mon Hubert, va. Je t'accompagne en pensées… J'ai tant de chagrin. C'est toute une tranche de ma vie, perdue puisque c'est celle de mon enfance, lointaine déjà, qui remonte et m'inonde de souvenirs. Que des bons, hein ! Même celui de toutes ces fois où tu me pinçais si fort les cuisses quand j'avais le malheur de m'approcher de la table où vous jouiez tellement souvent et si tard, au bridge. Mais surtout toutes nos vacances ensemble, les si nombreux week-ends… Vous vous entendiez si bien avec mes parents. Et moi avec votre plus jeune fille. C'est avec elle que j'ai fumé ma première cigarette : dans les dunes, en Vendée. En promenant le chien, nous avions trouvé un paquet de menthol fines. On en fumait une tous les soirs à la même heure après le dîner. Ca faisait tourner la tête et on adorait ça. Le papier des cigarettes était brun. D'y penser, j'ai encore le goût dans la bouche. Ce même été, celui de mes 13 ans, elle a essayé de me montrer comment mettre un Tampax. J'ai eu une leçon d'anatomie dans la salle de bain alors même que je n'étais pas dans le rouge… Aïe aïe… mais je n'ai plus porté une serviette hygiénique de ma vie après ça. Et toutes les deux nous nous sommes entraînées, ensemble, aux baisers. Dans la maison de campagne en travaux de mes parents,dans le Cher. On se cachait sous une couverture et ça y allait… Mon petit frère venait nous demander ce qu'on faisait. File, on lui disait, va jouer dehors. Il faisait 40° sous les combles. un été magnifique. En Vendée, toujours, on avait eu notre première gueule de bois et la dernière avant longtemps : "les parents" étaient parti au casino. On avait toute la nuit pour nous. On a bu du Ricard, directement à la bouteille. Si si, comme ça sans eau ! Ta plus grande fille, quand elle est rentrée d'un dîner avec son amoureux, nous a traîtées d'ivrognes. Qu'est-ce qu'on  a ri ! Que la vie était douce… Un de mes plus fort souvenir de toi Hubert, c'est la première fois que je t'ai vu. un samedi matin. j'étais au CP. Papa m'avait proposé de l'accompagner pour aller voir un copain. Vous aviez fait connaissance peu de temps avant tous les quatre. Pour ne plus vous quitter avant longtemps, jusqu'à ce que vous partiez dans le Jura… J'étais très timide. Avec papa vous vous étiez assis par terre dans le salon et bavardiez en fumant , c'était le matin. Tu lui ressemblais tellement. Vous étiez faits pour vous entendre… Ta fille est apparue dans le salon avec un aspirateur comme un vrai, mais en jouet, avec le bruit du moteur. J'étais impressionnée. elle crânait et a mis un certain temps avant de répondre à tes nombreux 'arrête ça et emmène-là jouer dans ta chambre'. On avait le même âge toutes les deux. Tu travaillais pour une société qui fabriquait des jouets. Elle en avait tant ! Je me souviens surtout de l'odeur des poudres de vraie soupe en sachet qu'elle avait dans des mini boîtes décorées comme les vraies… celle au poireau surtout. J'adorais venir dormir chez vous. J'en ai comme ça en pagaille des souvenirs, évidemment. La vie sera moins belle de savoir que tu n'es plus là. Maman va venir donner la main à sa vieille copine. Ah lala, les pipelettes qui auraient été tellement joyeuses et qui t'auraient tant cassé les oreilles si tu avais été là, comme elles vont être tristes de se revoir sans toi. Comme tu vas leur manquer. C'est la fin des Ganouches… La vie est si courte. Oh je le savais bien. Mais là si tu savais comme ça me fait mal. J'espère que tu pars en sachant bien comme on t'a aimé chez moi et que tout cet amour te tiendra chaud !