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Otti Otta
Otti Otta
16 juillet 2010

Paris-L. A.

Une bien longue journée hier : deux de mes amours - mère et fils - se sont envolés à 11h30 heure locale de Paris pour Los Angeles. 12 heures de vol…

avion_air_Tahiti_nui_03

C'est l'homme qui les a conduit à l'aéroport. La bonne excuse, je devais aller travailler. Mais la mère que je suis qui a tant en horreur les engins d'acier, ne peut aller à l'aéroport autrement que pour accueillir un passager d'amour à son retour. Je me fais grande violence pour laisser voler mon fils de 7 ans de ses propres ailes (et de celles nettement moins amicales des oiseaux géants à moteur) mais qu'on ne m'en demande pas plus !

Mon frère aîné adoré, avec qui j'étais littéralement soudée dans l'enfance et après, dont je fus l'abeille attitrée ne lâchant pas d'un pouce mon pot de miel aux cheveux en pétard, est parti vers le jour de mes 25 ans vivre sa vie loin de moi, aux Etats-Unis. Son américaine de femme y a donné naissance à trois yankees magnifiques. Et toute la smala grandit et vieillit dans une immense maison californienne blanche, entourée de palmiers, grouillante de chiens et de vie, bénéficiant d'une incroyable piscine jouxtant un jacuzzi en plein air. Autant dire que quand ma mère a demandé à Léo s'il voulait y retourner (pour la 3e fois) cette année, il a bondi de joie. Et qu'il ne m'était pas possible de lui refuser ça.

Le hic, c'est que c'est loin loi loin. Et que si on veut être raisonnable, il n'y a pas l'embarras du choix pour s'y rendre. Il faut monter au ciel… J'en connais qui font ça avec grand plaisir. Comme je les envie (mais à mon avis il faut être barjot pour y prendre goût). La faute à un vol Paris-Bordeaux, sur le chemin de la Corse. J'avais 19 ans. 3 amies m'attendaient à Bastia. C'est mon frère qui m'avait conduite à l'aéroport. Mon avion avait beaucoup de retard à cause d'une alerte à la bombe. On a transféré les passagers du vol dont je faisais partie dans un autre aéroport. J'ai passé ce voyage à penser au chagrin de mes parents si mon avion devait exploser en vol. Et puis j'ai pensé à toute autre chose aux abords de Bordeaux, au dessus des forêts landaises : une tempête inouïe, un avion qui montait et descendait dangereusement vers la cime des arbres, des passagers de toutes les couleurs, vert, bleu, blanc… des hôtesses de l'air disparues de notre champ de vision dans le cockpit (pas rassurant j'vous jure). Et un pilote muet. A côté de moi il y avait deux jeunes femmes, sœurs. L'une d'elle avait son bébé sur les genoux. A un moment, elle l'a jeté dans les bras de sa sœur en hurlant "je n'veux pas mourir !". Un jeune s'est levé, droit comme un i, comme statufié, le regard terrorisé. Un hôtesse a jailli de nulle part pour le faire se rasseoir, affolée. Un vrai film catastrophe en live. Et pour moi, la certitude que j'allais mourir. A l'atterrissage qui a duré une éternité il me semble, personne n'a applaudi. On attendait nos valises en silence. J'avais les jambes en coton. Et je trouvais cruel de devoir remonter illico dans une carlingue pour finir mon voyage. je l'ai fait. De même que 15 jours plus tard j'ai repris l'avion pour rentrer à Paris. Je n'ai pas gardé la lettre d'adieu aux miens rédigée dans cet avion de l'angoisse. Mais j'ai gardé pour la vie une appréhension terrible à l'idée de voyager. Ce que je ne fais donc plus, ou presque et jamais à jeun (bloody mary des aéroports, je t'aime).

Air France propose des stages pour traiter des peurs comme la mienne. Hors de prix et c'est bien dommage. Je ne m'y risquerais pas tant je pense que jamais plus je n'aurais l'esprit tranquille en volant. Alors de confier plus que ma vie : mon fils, à une compagnie aérienne, c'est dur. Et les 12 heures d'hier (sans compter que mon frère ne m'a appelée qu'une fois rentré à la maison - la vache ! - soit à 2 heures du mat cette nuit) m'ont à nouveau paru bien longues ! J'ai décroché à la première sonnerie "tout va bien - il m'a dit - j'ai récupéré les paquets. Ton fils est déjà dans la piscine". Ouf. Plouf. Merci !

Il m'a fallu encore une bonne heure avant de trouver le sommeil, mais le sourire au bord des lèvres. A lui, à eux 10 jours de bonheur à l'américaine.

 

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