A cheval !

Mais où sont donc passés mes petits ? Mes bébés, mes nouveaux nés ? Ce temps ne reviendra plus… Je suis toujours irrésistiblement attirée par les poussettes. Rien à faire, il faut que j'y regarde. Et si c'est un tout petit qui s'y trouve, je fonds. S'il pleure, je fouille toujours dans mon sac espérant y trouver un petit machin laissé là par mes zoizeaux qui pourrait distraire le malheureux. Un jour, j'ai proposé à une maman un crouton de ma baguette dans le métro, après quelques stations de pleurs. Ils me dressent les poils sur la peau, même les bébés des autres, tout le temps. Elle a ri : "merci : elle est bien trop petite. Elle ne mange pas de pain"
Ah bon ? J'aurais déjà oublié l'âge auquel les petits peuvent sucer une croute de pain ? Et saurais-je dire l'âge des premières dents ? pas exactement. Celui de la marche oui, aucun doute. Celui des pots et de la cuiller aussi. Mais j'ai dû oublier bien des choses. 7 ans et demi sont passés depuis la première fois où j'ai tenu dans ma main celle -minuscule- de mon fiston. Un peu plus de trois ans depuis que j'ai pu tenir la main de ma fille, marchant à mes côtés, un jour rêvé. C'est qu'elle en a eu des malheurs avant de pouvoir mettre un pied devant l'autre ma poulette. Et je vivais chaque jour depuis ses un ans en me préparant à la joie infinie que serait cette grande première, marcher avec elle, sa main ancrée dans la mienne.
Et quand j'ai vu mon fils samedi faire sa première reprise en carrière, j'ai eu du mal à croire qu'il s'agissait bien de mon bébé. Qui monte depuis quatre ans. Comme j'étais fière !
Et sa sœur, vêtue elle aussi de son petit pantalon de cavalière, qui jouait pieds nus dans le sable pendant que son frère travaillait sur Nougat, fait elle aussi des prouesses après seulement 4 mois de poney. Elle est tellement à l'aise, tellement heureuse…
Ces deux enfants sont la source de toutes mes pensées, de tout mon amour, de toutes mes joies, tout le temps.
J'ai lu que la fille Badinter disait que même sans enfant une femme pouvait être une femme accomplie. Nul doute. Mais la maternité apporte une magie et une saveur à la vie qui valent vraiment le coup d'être goûtés. Une femme ne saura jamais à côté de quoi elle est passée (et c'est tant mieux). De même qu'un enfant unique ne pourra jamais goûter la saveur des liens qui unissent une fratrie. Sa vie n'en aura pas moins de valeur qu'une autre, évidemment.

Alors, malgré toutes les nuits sans sommeil, toutes les inquiétudes -permanentes ou presque, au moins quotidiennes !- tous les énervements, toute la fatique, tout le temps pour soi disparu, tous les amis perdus de vue, toutes les folles soirées moins nombreuses, je sais aujourd'hui que ce que j'ai fait de mieux ce sont eux ! Ma vie n'a pas trouvé son sens avec eux. J'ai eu de la chance : je peux dire que chaque saison vécue jusqu'à ce jour, dont 33 années sans enfant, a porté des fruits beaux et bien mûrs. A ce jour, je n'ai pas de regret. Et je peux regarder l'avenir s'avancer sereinement. Car à mon âge, l'insouciance est loin derrière, les surprises auront certainement été plus nombreuses par le passé qu'elles ne le seront dans mon futur (quoique…) mais je sais que le bonheur de voir mes enfants grandir et s'épanouir compensera la crainte du temps qui passe, de la vieillesse et autres choses pas cool qui sont là, tapies sur le chemin, contre lesquelles on ne peut rien.

Anyway, ma devise est et restera celle de mon père Pacha

Vive la Vie !