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Otti Otta
Otti Otta
27 juin 2010

Vive la France

Jeudi j'ai quitté le bureau précipitamment, pour vivre les heures qui compteront parmi les plus dures de ma vie. Dans une clinique parisienne où mon père avait été transporté par précaution depuis le CH de Dunkerque, son artère fémorale a percé. Je n'ai pas envie de raconter ici tous les événements qui ont conduit à cette rupture, mais témoigner de la chance que nous avons de vivre ici en France !

Pour commencer, tout ce que la clinique comptait en personnel à son étage a volé au secours de mon père. C'est un miracle qu'ils aient pu le conduire au bloc vivant pour stopper l'hémorragie. Ils ne savaient pas du tout comment ils allaient s'y prendre pour réparer l'artère, insuturable tant elle était abîmée. C'est ce qu'ils m'ont dit au téléphone quand j'ai quitté mon bureau. Et le temps d'arriver, le temps d'attente sur place pendant qu'on opérait mon père, je l'ai passé à me préparer au pire. Les infirmiers sur place, qui avaient assisté mon père dans ces graves minutes, sont venu me voir. M'ont recommandé de rester optimiste et d'être courageuse dans l'attente. 

Il est sorti vivant du bloc. On a pu le voir en salle de réveil. Et savoir qu'ils avaient pu stopper l'hémorragie, mais qu'il allait falloir confier mon père à des services plus compétents. Il fallait lui trouver une place. Et faire vite. Le Samu est arrivé pour transporter mon papa à la Pitié Salpétrière. Il y est resté sous surveillance en soins intensifs où on lui a également fait passer un scanner. Un professeur avait accepté de s'occuper de son cas. Nous avons pu rester près de lui, dans une salle d'attente prévue pour les proches, aussi longtemps que nous l'avons souhaité. Et nous avons été tenu très parfaitement informés de ce qui se passait. Le lendemain matin, j'ai été contactée avec beaucoup de douceur. Sur place, un membre de l'équipe chirurgicale est venu expliquer précisément à mon père (et à mon frère, ma mère et moi qui étions près de lui) la solution qu'ils avaient trouvée après concertation. Tout était clair, limpide. Et expliqué avec une très grande gentillesse.

Il est reparti au bloc mais si l'attente a été longue et douloureuse, je dois dire que j'étais soulagée : on a offert à mon père les meilleurs soins au monde. Il a pu bénéficier d'une greffe. Il s'est entendu dire qu'il était trop jeune pour qu'on le laisse dans son état. Le chirurgien lui a également parlé d'un patient ayant subi la même intervention un mois avant qui était venu la veille en consultation et qui était en pleine forme. De bonnes paroles à entendre pour un patient qui va subir une intervention de plus de 4 heures, compliquée et forcément risquée. Et à nous les proches, il a été précisé que nous pouvions les appeler à toute heure et aussi souvent que nous le souhaitions. Ce fut long. Mais mon père s'est réveillé, il a été installé aujourd'hui dans une chambre après 3 jours en soins intensifs. Et il va bien. C'est incroyable ! Il paraît qu'avant qu'il ne quitte les soins intensifs, 8 membres de l'équipe sont venus le saluer. Il est dans un service vasculaire de pointe maintenant, dans une chambre magnifique. Là encore tout le personnel est d'une rare gentillesse. Le médecin que j'ai croisé cet après-midi, à qui j'ai demandé s'il pouvait me parler des suites de l'opération, m'a répondu. M'a expliqué. Avec un grand sourire. 

Evidemment mon père a eu beaucoup de chance. Il aurait pu ne pas supporter l'intervention. Mais cela a été possible parce que la France possède des équipements de pointe, des chirurgiens exceptionnels, du personnel hospitalier bien formé et tous ces trésors, elle en fait don aux patients qui en ont besoin. J'ai été très émue quand j'ai compris qu'on allait lui faire une greffe. Son artère a pu être remplacée dans sa partie abîmée par celle d'un être qui dans ces jours derniers a eu moins de chance que mon papa. Seule solution dans son cas puisque toute greffe artificielle comportait un risque élevé d'infection. Les greffons sont traités aux antibiotiques (je l'ignorais) afin de ne pas contaminer le receveur avec le moindre microbe mais également pour éviter qu'ils ne soient infectés par d'éventuels germes présents chez ce dernier. Et c'est le cas de mon père.

J'éprouve une gratitude immense envers mon pays. J'ai voulu embrasser le membre de l'équipe ayant participé à l'intervention qui est venu nous voir à la sortie du bloc pour nous dire qu'ils avaient pu faire tout ce qui avait été programmé et que mon père allait bientôt se réveiller. Il a paru surpris quand je lui ai demandé "est-ce que je peux vous embrasser ?". Et il m'a répondu "non. Non ce n'est pas la peine"

Il ne l'a pas fait pour un remerciement ni pour un baiser. Il l'a juste fait pour sauver une vie. Et c'est son métier. Exercé dans un lieu où la vie compte pour chacun, où le patient est soigné délicatement pour qu'il n'ait pas mal, où l'entourage du patient  est traité dignement, où l'on tente d'apaiser les peurs et les chagrins. Où l'on informe celui qui veut être informé. Où l'on parle des risques parce que si tout ne se passe pas aussi bien qu'espéré, il faut y être préparé. Où l'on sourit sans cesse aux familles pétrifiées de peur. Où l'on accueille silencieusement les familles qui souhaitent rester tout près, parce que ça leur fait du bien d'attendre là plutôt que loin. Où l'on a même pensé à mettre un distributeur de café et d'eau fraîche. Où l'on se demande d'ailleurs pourquoi devant la porte à code il y a ce panneau qui indique "visites interdites" puisqu'elle s'ouvre si facilement pour nous laisser entrer…

Alors à défaut d'un baiser un mot, un seul : merci.

Il reste un long chemin à parcourir vers la guérison. Mais j'ai confiance. Et quoi qu'il arrive, il ne pourra pas y avoir un seul regret, parce que vraiment on n'aurait rien pu faire de mieux. Merci la vie, merci le ciel, merci papa d'avoir tenu bon et merci mon pays joli…

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Commentaires
A
je viens de rentrer de vacances et ce message m'émeut bcp !<br /> nous avons bcp de chance d'habiter ici même si les français râlent/critiquent souvent leur pays ... on a de la chance !<br /> à bientôt !
D
Tant mieux pour ton papa<br /> Le mien a vécu une hospitalisation longue il y a quelques anées et j'aurais pu faire le même récit que toi même si les circonstances étaient différentes.<br /> Oui nous avons beaucoup de chance d'avoir cette médecine-là ...<br /> Meilleure santé à lui ...
C
Merci de ce témoignage, il est important.<br /> Et je croise les doigts pour la suite :-))
Otti Otta
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